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Entrevista a José María Flotats, Carlos Hipólito y Jesús Castejón, los

actores de la obra teatral Arte





En su adaptación al castellano Arte lleva dos temporadas llenando el teatro Marquina. Cerca de medio millón de espectadores han disfrutado ya de esta obra, poseedora de entre otros premios, el Tony americano, el Moliere francés y en España, la versión hecha por José María Flotats recibió 5 premios Max, el Mayte de Teatro, el Fotogramas de Plata, el premio Ojo Crítico, entre otros. La obra, original de Yasmina Reza, es una reflexión cuasifilosófica en clave de humor sobre el arte contemporáneo y el papanatismo que a veces le rodea. La trama es el enfrentamiento que se produce entre tres amigos de toda la vida cuando uno de ellos compra por cinco millones de pesetas un Antrios, un cuadro blanco con finísimas líneas blancas.

José María Flotats, Carlos Hipólito y Jesús Castejón se ponen de nuevo en la piel de sus personajes para responder a las preguntas de Hispanart.

Personajes:
Marcos (Jesús Castejón)- Ingeniero aeronáutico. Muy bien situado.
Sergio (Carlos Hipólito)- Dermatólogo. Ama el arte.
Iván (José María Flotats)- Ex-empleado del sector textil. Papelero. Pronto marido

P.- ¿Es el arte contemporáneo un fraude?
IVÁN - No me gusta, pero tampoco lo detesto. Tiene algo. No es nada. Es una obra. Hay una reflexión detrás. Es el resultado de todo un proceso. Es una obra que se inscribe dentro de todo un recorrido.
MARCOS- Iván, repites las mismas gilipolleces de Sergio. Cuando las dice él es desolador, pero cuando las repites tú, resulta patético. Yo no creo en los valores que rigen el Arte de hoy... La ley de la novedad, la ley de la sorpresa... La sorpresa es una cosa muerta. Muerta apenas concebida.
SERGIO- ¿Pero quién eres tú, Marcos, quién eres tú para imponer tu ley? Un tipo que no aprecia nada, que detesta a todo el mundo, que se enorgullece de no ser un hombre de su tiempo.
MARCOS- A ver. Explícamelo. ¿Cómo puede un hombre vivir en otro tiempo que no sea el suyo?. Es una mierda, reconócelo, Sergio.
IVÁN- Pero ¿qué os pasa?. Estáis rarísimos.

P -¿Son el elogio y el desprecio las dos caras del esnobismo en el mundo del arte?
SERGIO- Sí. Sin más.
MARCOS- No se puede detestar lo invisible, no se puede detestar lo que no existe.
SERGIO- Es increíble. Yo me limito a tomarle el pelo y él me responde con la petulante y vacua hinchazón del sabiondo.

P - Si Isabel II de Inglaterra les preguntase su opinión sobre su sombrero, le diría...
SERGIO- Es muy bonito.
MARCOS- Muy muy. ¿Cuánto le pagas?
IVÁN
- Lo he sabido por Félix Perolari, que acaba de descubrir el britge, mi madre también juega a britge.

P - La "Catarsis del Tomatazo" ha entusiasmado en los circuitos de teatro alternativos. ¿Sería posible incluir una catarsis similar en cada representación de teatro?
MARCOS- Lee a Séneca
IVÁN- ¿Bueno?
SERGIO- No lo ha leído.
MARCOS- El dice "Obra Maestra".
SERGIO- Cuando te concierne personalmente, parece que el sabor de las palabras te resulta más amargo. He dicho "obra maestra" porque es una obra maestra. Parece que digo "Obra Maestra" por cualquier tontería.
IVÁN- Estáis de frenopático. Hoffermayer tenía razón: "Si yo soy yo porque soy yo y tú eres tú porque eres tú, yo soy yo y tú eres tú. Si por el contrario yo soy yo porque tú eres tú y tú eres tú porque yo soy yo, entonces ni yo soy yo, ni tú eres tú".
SERGIO- ¿ Y ...?

P - Si la televisión y el cine causaron la crisis del teatro, internet causará la de...
SERGIO- ¡Huy!, por favor. No te tires faroles.
IVÁN- ¿Sabéis que puedo llorar?
SERGIO- Si pudiéramos evitar el patetismo...
MARCOS- Ya no nos entendemos ni en una conversación normal.
IVÁN- En realidad ya no soporto ningún discurso racional, todo lo que ha hecho que el mundo sea el mundo, todo lo que ha sido bello y grande en este mundo, no ha nacido nunca de un discurso racional.

P - Stephen King ha publicado su última novela en Internet. ¿Sería posible el teatro especialmente creado para verlo en la red?
SERGIO- ¡Qué fracaso!. ¿Te das cuenta de lo que estás diciendo?
IVÁN- Mientras no dañe a un tercero...
MARCOS- Daña a un tercero: a mí.

P - ¿Cuánto pagarían por una obra titulada "monitor de pantalla blanca, con líneas blancas"? SERGIO - El Antrios no es blanco.

SERGIO- El Antrios no es blanco.
IVÁN- Ni un céntimo.
MARCOS- Dí una cifra, al azar.
IVÁN- ¿Quién es el pintor?
MARCOS- Sabía que me lo ibas a preguntar.


Paris Match, 7-Octubre-2008













Michel Bouquet, malade des planches

Théâtre. A 82 ans, le grand acteur reprend le costume du « Malade imaginaire ». Confessions d’un interprète hors du commun.

Comment se passe la première rencontre avec les spectateurs après tant de répétitions ?
Michel Bouquet. C’est un à-coup ! Tout ce qu’on a préparé s’illumine à la lumière du public. C’est lui qui éclaire notre jeu par ce qu’il ressent, et qui donne les réponses, la forme définitive. Et il n’y a pas à revenir sur l’opinion des gens au moment où ils reçoivent la pièce.

Vous avez déjà joué “Le malade imaginaire” il y a une vingtaine d’années. Aujourd’hui, le public réagit-il différemment ?
A l’époque, les gens restaient dans la fantaisie. Ils s’amusaient en se demandant si le malade Molière était attaché à la vie. ­Aujourd’hui, le public y voit plus d’angoisses, plus d’inquiétudes. Il apporte souvent des démentis à ce que nous avons préparé.

En donnant cette ­importance au public, ne relativisez-vous pas la nécessité de la mise en scène ?

Je suis en plein ­accord avec Georges Werler. Mais je recherche le point de vue de l’auteur et creuse ce que je pense moi-même des personnages. Le metteur en scène laisse les acteurs avoir raison avec l’auteur et les spectateurs. Lui a un point de vue intellectuel. Mais il faut dissocier la pensée du spectacle de la chair du spectacle. Qu’est-ce qui fait le théâtre ? C’est le public. Si on cherche à l’influencer, si tout passe par le cerveau du metteur en scène et des acteurs, le public s’ennuie. Il n’est pas là pour recevoir des leçons. En tant qu’interprète, je n’ai pas à être intelligent. Le rôle de l’acteur, c’est l’intuition. Je n’aime pas les acteurs intellectuels. On est là pour faire exister, pour faire sentir les choses, pas nécessairement pour les comprendre.

Quel devrait donc être le rôle du metteur en scène ?

J’ai travaillé avec beaucoup de metteurs en scène. Les plus passionnants étaient ceux qui ne s’occupaient pas beaucoup des acteurs. Je pense à Planchon ou à Krejca, le ­metteur en scène tchèque qui, au Festival d’Avignon de 1978, avait réuni Georges Wilson, Rufus, José-MariaFlotats et moi-même dans “En attendant Godot”. Il ne nous indiquait même pas nos places en scène, mais nous parlait de Staline qui se collait des poils sur la poitrine, citait une phrase de ­Shakespeare, racontait des histoires. Nous étions inquiets. Grâce à cette angoisse dans laquelle nous avons pataugé trois semaines, tout s’est éclairci d’un coup. Il avait nourri en nous un sentiment. Et ce sentiment, c’était la mise en scène !

Quelle idée avez-vous d’Argan ?

C’est l’un des personnages de Molière les moins discernables. Il est mystérieux, bizarre, spongieux. Il y a toujours une bataille dans les héros de Molière : il règle ses comptes avec lui-même. Argan, c’est le Molière qui va mourir. Il montre au public, qui ressent cela de façon très forte, qu’on peut vivre sans se connaître. C’est une création immense, énigmatique, qui n’a pas d’équivalent dans l’histoire du théâtre.

“A 80 ans, je commence à savoir dessiner”, affirmait Hokusai. Diriez-vous, à bientôt 83 ans, que vous progressez dans votre métier ?

C’est une phrase de créateur et je ne suis pas un créateur. J’essaie d’être un interprète, un curieux qui ne fait pas la synthèse de tout ce qu’il fait.

Vous allez pourtant laisser derrière vous un style et un enseignement !

Les acteurs ne font que du travail d’interprète. Laurence Olivier ou bien Robert De Niro dans les films de Scorsese, aussi monumental que cela soit, ne sont pas des créateurs. Les acteurs tendent à ne voir que leur personnage. C’est un signe de faiblesse, et aussi un défaut acceptable.

Quels souvenirs dominent quand vous regardez votre carrière ? Vous vous souvenez de Gérard Philipe et d’autres grands partenaires ?

Oui, bien sûr, mais mes vrais partenaires c’est surtout Molière, Shakespeare, ­Thomas Bernhard, Wilhelm Furtwängler, la Callas, ou l’architecte qui a fait les pyramides... La ­nature me touche également. Et on peut même y ajouter des choses laides. Tout est chez moi recherche d’émotions.

Cette quête d’émotions n’est-elle pas une quête folle ?

C’est une vie fatigante qui entretient la vie. Par l’art, je comprends le monde. Et qu’il sera temps qu’un jour je m’en aille.


« Le malade imaginaire », théâtre de la Porte-Saint-Martin, Paris, tél. : 01 42 08 00 32.